Interview d’Erwan Bouroullec pour la revue Entre

« Nos objets doivent pouvoir se reconfigurer dans un contexte »

Pour une fois encore expliquer en détail les intentions de nos deux frères designers mais aussi pour mettre en avant les sujets que nous choisissons de traiter dans ce blog j’ai choisi de vous mettre dans cet article le lien de l’interview réalisée par la revue Entre et dont les propos d’Erwan Bouroullec ont été recueillis par Matthieu Bajolet et Thomas Lapointe.

http://www.revue-entre.fr/?q=content/erwan-bouroullec-nos-objets-doivent-pouvoir-se-reconfigurer-dans-un-contexte.

Bonne lecture!

Les frères Bouroullec à la galerie Kreo

L’inventivité des frères Bouroullec a aussi pris place au sein de la galerie Kréo situe dans le 6ème arrondissement de la ville de Paris,  du 24 avril au 22 juillet 2010. On a pu y retrouver des œuvres emblématiques ainsi que de nouvelles typologies de mobiliers et d’objets. Il y avait notamment la lampe Aim comme vu dans cet article : http://wp.me/p4kPZp-6C, mais aussi leurs étagères Roches, Conques ou Corniches comme ci dessous :

Exemple d’utilisation des Corniches, © sr77design.blogspot.fr, (11,47 x 7,41cm)

Etagères Roches, fibres de verres laqués de peinture mâte, 2010, 125 x 340 x 37cm, Courtesy galerie Kreo, © Tahon & Ronan et Erwan Bouroullec.

Ainsi  les Corniches représentent une nouvelle manière d’utiliser les murs dans l’espace de vie. Ces étagères informelles et flexibles sont nés d’un besoin de petits rangements spontanés. Grâces à elles on peut créer des excroissances individuelles et isolées les unes des autres pour créer ainsi un environnement personnel. Ronan explique que : « De même que nous accrochons nos affaires à un rocher dépassant d’une falaise avant de plonger dans la mer, nous avons besoin de petits rangements informels au quotidien « . Voici une vidéo d’Erwan qui nous décrit précisément ce concept de « roche table » découvert en bord de mer d’où leur ait venue de créer les étagères Corniches.

On voit là encore qu’il ne s’agit pas de mobilier classique, malgré leur sobriété ces étagères font appel là encore à un concept novateur et modulable.

Dans la galerie Kreo, les frères Bouroullec ont aussi développer le projet des « Perles ». En effet lors de l’exposition « Autour du cou » qui s’est déroulé du 29 novembre 2012 au 19 Janvier 2013 à la galerie Kreo, Ronan et Erwan ont pu exposer leur propre concept du bijou se portant autour du cou comme en voici les illustrations :

Détail d’un port de collier « Perles », 2012-2013, © Studio Bouroullec, (8,26 x 11,01cm)

Collier de perles des frères Bouroullec, © Studio Bouroullec, (10,12 x 13,51cm)

Ces colliers de perles de trois couleurs (rouges, blanches et noirs) sont réalisé en sang jasper, noir onyx et carrara marble en mat ou brillant. L’idée de base est de gardé un aspect primitif pour ce bijou. Il est disponible en trois taille, là encore pour répondre à l’aspect modulable de l’objet.

Détail des trois différentes teintes des colliers « Perles », 2012-2013, © Studio Bouroullec, (17,89 x 14,32cm)

Ces colliers s’inscrivent toujours dans la logique du travail des Bouroullec c’est à dire qu’il s’agit d’un module simple, pouvant être répété pour être régler à l’envie.

 

Nouvelle collaboration avec Kvadrat: le tissu tricoté 3D

Le tout dernier projet des frères Bouroullec est une série de 3 collections de tissus tricotés: 3D knitted fabric. Après les « North Tiles« , les « Clouds« , les « Textile Field« , les frères Bouroullec renouvellent leur collaboration avec le fabricant de textiles danois Kvadrat.

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,4 x 17 cm.).

Ces tissus sont conçus à l’occasion de Salon du meubles de Milan 2014 (qui d’ailleurs se termine aujourd’hui).

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,3 x 17 cm.).

Ces tissus se divisent en trois collections: Canal, Moraine et Gravel. Ils sont réalisés en double jersey strecht tricoté qui offre de toutes nouvelles textures. Ainsi, par leur aspect matelassé, ces tissus ont un rendu tridimentionnel. La couche supérieure est composée d’un mélange de laine fine et de polyester qui assure une touche sensuelle du tissu. la couche inférieure est, elle,  composée de fils de polyester qui fournissent sa fermeté et sa structure.

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,3 x 17 cm.).

Dans chaque collections, les tissus sont déclinés en plusieurs couleurs: bleu, rouge, vert, différentes nuances de gris. On peut voir un véritable jeu avec les motifs qui changent totalement d’aspect en fonction des couleurs attribuées au tissus. Chaque tissu est bi-colore, le motif se détache de son fond par sa couleur et par son relief.

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,3 x 17 cm.).

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,3 x 17 cm.).

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (33,3 x 17 cm.).

 

 

 

 

 

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BOUROULLEC Er. et R., 3D knitted fabric, 2014, © Studio Bouroullec, (11,3 x 17 cm.).

Ces tissus permettent, d’une part, une grande flexibilité du support. Leur souplesse leur permet de tapisser une grande variété de formes (ces tissus peuvent être utilisés aussi bien en rideaux, qu’en tapis ou recouvrant un meuble). Grâce à la fermeté du tissu, très peu de points de couture sont nécessaires pour fixer le tissu à son support. D’autre part, par leurs qualités solides ces tissus sont destinés à une long durabilité et à une résistance à l’épreuve du temps.

Entre souplesse et solidité, ces tissus sont promis à un long avenir. On les retrouvera surement dans une nouvelle création des frères Bouroullec.

Vert poussin, « 3D Knitted Fabric by Bouroullec », vert-poussin.blogspot.fr, En ligne, http://vert-poussin.blogspot.fr/2014/03/3d-knitted-fabric-by-bouroullec.html, consulté le 13/04/2014.

Jamie Danielle Munro, « The Bouroullec Brothers Create Distinct Fabric for Salone del Mobile 2014 », trendhunter.com, En ligne, http://www.trendhunter.com/trends/bouroullec-brothers, consulté le 13/04/2014.

Er. et R. Bouroullec, « Three collections of 3D knitted fabric: Canal, Moraine and Grave », Bouroullec.com, En ligne, http://www.bouroullec.com/upload/facsimile/erb_2014_kvadrat_canal_moraine_gravel.pdf, consulté le 13/04/2014.

Textile Field au Victoria and Albert Museum

A l’occasion du London Design Festival, du 15 au 25 Septembre 2011, un large champ de tissus colorés a recouvert le sol de la galerie Raphaël du Victoria and Albert Museum.

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum.

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, mousse et tissu, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (21,9 x 31 cm.).

En association avec la compagnie de textile Kvadrat, les frères Bouroullec ont créé une installation composée d’une trame textile colorée. Sur 8 mètres de large et 30 mètres de long, cette immense installation couvre 240m² de la salle. Elle est composée d’une multitude de rectangles de tissus colorés dans treize nuances de verts, de bleus et de gris qui recouvrent des carrés de mousse qui créent une surface rembourrée. une inclinaison douce fait de la surface une sorte de lit géant.

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Er. et R. Bouroullec, Textile Field, mousse et tissu, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (24,8 x 16,5 cm.).

Ces textile field forment un espace qui invite le visiteur à s’y asseoir, à s’alonger. Dailleurs, une paire de chaussette et un sac pour ranger les chaussures ont été fourni à chaque visiteur au moment de cette installation. Ainsi confortablement insallé, le visiteur peut alors observer les oeuvres présentées dans la gallerie d’une manière beaucoup plus sereine.

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum.

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, mousse et tissu, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (12,3 x 9,6 cm.).

Le choix de la gallerie Raphaël pour cette installation s’est justifié par les immenses dimensions de la salle rappelant celle d’une église. Ainsi le lieu se prête facilement à la méditation.

« Elle a cette qualité d’une église, dit Erwan Bouroullec, un volume vraiment merveilleux, mais qui, dans un sens, vous fait vous sentir trop petit – comme un sentiment de sacré- de sainteté. »

Grace à cette installation, un regain d’intérêt pour les peintures de Raphaël s’exprime très clairement. Les textile field permettent au visiteur d’avoir une approche toute nouvelle avec les oeuvres de la Renaissance. Grace au confort qu’offre ce champ de tissu, les textile field diminuent la distance qui séparent les oeuvres de Raphaël de notre époque contemporaine. Ils offrent au visiteur la possibilité de s’installer confortablement, de se détendre, de découvrir librement un environnement très intimidant, comme un musée. Ainsi le spectateur peut méditer, se ressourcer, sans effort, sans appréhension, juste de la contemplation. Les couleurs rappellent celles d’un champ qui serait entouré de majestueuses oeuvres d’art. La distance formelle entre spectateur et oeuvre d’art se trouve alors diminuée.

« Nous avons décidé de fournir un type d’élément de mobilier qui aide les gens à détendre  leur corps et ainsi de détendre leur esprit, explique Erwan Bouroullec. Et ainsi, peut-être que le sens viendra. »

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum.

Er. et R. Bouroullec, Textile Field, mousse et tissu, The London Design Festival, 15-25 Septembre 2011, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (24,8 x 15,6 cm.).

La véritable prouesse de cette installation réside dans le lien qu’elle crée entre, les tableaux de Raphaël et l’art contemporain, qui, en aucune façon, n’altère les oeuvres de la Renaissance malgré ses incroyables dimensions.

La vidéo suivante nous montre bien comment les Textile Field occupent l’espace et comment les visiteurs se les approprient.

On a pu revoir cette installation du 26 avril au 1er septembre derniers, à l’occasion de l’exposition aux Arts Décoratifs de Paris.

« Textile field Ronan Erwan Bouroullec », kvadrattextilefield.com, En ligne, http://www.kvadrattextilefield.com, consulté le 13/04/2014.

« Textile Field by Ronan & Erwan Bouroullec »,dezeen.com, En ligne, http://www.dezeen.com/2011/09/15/textile-field-by-ronan-erwan-bouroullec/, consulté le 13/04/2014.

Exposition Album au centre d’architecture Arc-en-rêve de Bordeaux

Du 27 janvier au 15 mai 2011 s’est tenue, au centre d’architecture Arc-en-rêve de Bordeaux, une exposition sur les frères Bouroullec.

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 Avril 2011, arc en rêve centre d'architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (9,2 x 5,9cm).

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 Avril 2011, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (9,2 x 5,9cm).

Bien qu’étant reconnus sur la scène internationale depuis plusieurs années déjà (exposition au Design Museum de Londres (2002), au Museum of Contemporary Art de Los Angeles (2004) et au musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam (2004), cette exposition fut la première qui leur fut consacrée en France.

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 Avril 2011, Arc  en rêce dentre d'architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (9,2 x 4,6 cm).

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 Avril 2011, Arc en rêce dentre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (9,2 x 4,6 cm).

 Cette exposition propose une approche totalement inédite du travail des frères Bouroullec. Dans les 400 m² de la gallerie d’Arc-en-rêve, on ne trouve, ni chaise végétale, ni algues, ni lis clos mais seulement une multitude d’images. C’est en tout 435 dessins, 520 images et 3 vidéos qui composent cette exposition. Ces documents sont aussi bien des croquis, des dessins préparatoires, des maquettes, ou des photos d’archives.

L’exposition est organisée en six salles qui se distinguent selon leur thématique. Dans chaque salle on retrouve à peu près la même organisation: le dispositif d’organisation est assez simple, les murs sont presque entièrement recouverts d’images, encadrées à l’identique dans des cadres de bois de couleur claire, au centre de la pièce on trouve quelques chaises Steelwood (modèle créé en 2007) qui permettent aux spectateurs de mieux apprécier l’exposition et le travail des designers.

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Album Exhibition ­ 2011, du 27 Janvier 2011 au 24 avril 2011, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (9,2 x 5,1 cm).

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 avril 2011, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (28,4 x 15,9 cm).

En encadrant les visuels à l’identique, l’effet produit est une perte quasi-totale de hiérarchie entre les différents documents, que se soient des documents issus de projets industriels, de galerie, d’architecture ou de recherches. On peut seulement constater quelques jeux d’échelle qui rythme un peu l’affichage. La volonté est de transcrire, de la façon la plus juste possible, ce qui fait la multiplicité de leur activité.

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 avril 2011, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (28,4 x 15,9 cm).

Er. et R. Bouroullec, Exposition Album, du 27 Janvier 2011 au 24 avril 2011, arc en rêve centre d’architecture, Bordeaux, © studio Bouroullec, (28,4 x 15,9 cm).

Ainsi l’exposition met en valeur leur univers, leur manière de concevoir leurs créations. On se rend alors compte que le design passe tout d’abord par le dessin. C’est l’étape initiale et indispensable de la réalisation de leurs oeuvres (on peut d’ailleurs remarquer qu’un mur entier de l’exposition est réservé à une série de dessins de chaises qui n’ont jamais vu le jour). Les deux designers dévoilent ensuite leur mode opératoire grâce à des photos les mettant en scène où on peut les voir en pleine étude sur leur projet, grâce à des maquettes ou des photos de prototypes.

A travers ce pannel de visuels formant un tout coloré et hétérogène, le spectateur est plongé au coeur de l’univers des frères Bouroullec.

Er. et R. Bouroullec, « Album Exhibition 2011 », Bouroullec.com, En ligne, http://www.bouroullec.com/, consulté le 12/04/2014.

Ronan & Erwan Bouroullec aux Arts décoratifs

 Du 26 avril au 1er septembre derniers, les frères Bouroullec faisaient l’objet d’une exposition au musée des Arts décoratifs de la ville de Paris. Grande rétrospective de leurs quinze années de carrière, leurs oeuvres prenaient place sur un ensemble de 1000 mètres carrés. Tous les aspects de leur travail sont représentés, du mobilier à l’installation monumentale, en passant par leurs croquis et leur processus de conception d’un objet. Ronan et Erwan Bouroullec pensent la scénographie de l’espace d’exposition. Dominique Forest, conservatrice du département Moderne et Contemporain est la commissaire d’exposition, assistée par Marianne Brabant, assistante de conservation.

Affiche: Exposition - Ronan et Erwan Bouroullec. Momentané, Musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, © Les arts décoratifs, (169,34x254 mm.).

Affiche: Exposition – Ronan et Erwan Bouroullec. Momentané, Musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, © Les arts décoratifs, (169,34×254 mm.).

A peine entrés dans l’exposition, nous sommes déjà submergés par une vague impressionnante de tissus colorés, plastique ou polyester. Il s’agit des « Algues« , « North Tiles« , « Twigs » et « Clouds », trônant majestueusement dans la nef principale. Ces quelques unes de leurs oeuvres monumentales, approchant la micro-architecture tant leurs dimensions sont grandes, nous impressionnent par leur association. Le ton est donné: le reste de l’exposition nous immergera complètement dans le travail des frères Bouroullec.

Bouroullec R. et Er. & Musée des Arts décoratifs de Paris, Exposition "Momentanée", Entrée, © Architecture Interieure Cree, (83,87x128,05 mm.).

Bouroullec R. et Er. & Musée des Arts décoratifs de Paris, Exposition « Momentanée », Entrée, © Architecture Interieure Cree, (83,87×128,05 mm.).

Les murs de salle qui suit, dans le transept, sont entièrement occupés par des centaines de croquis des frères Bouroullec. On découvre des dessins au stylo, pastel, crayon, étonnement bruts. On repère certains traits, que toute autre personne aurait certainement du mal à concevoir, mais qui recueillent une idée, un concept que les frères Bouroullec feront souvent passer du papier à l’état matériel.

Bouroullec R. et Er., Croquis de l'exposition momentanée, nef secondaire, salle des croquis, © Bouroullec, (209,81x145,25 mm.).

Bouroullec R. et Er., Maquette de l’exposition « Momentanée », nef secondaire, salle des croquis, © Bouroullec, (209,81×145,25 mm.).

La longueur entière de la salle, ou presque, est occupée par une série de bureaux, instaurant une ambiance bureaucratique assez étonnante au sein d’une exposition. L’ensemble aurait pu être froid si le mobilier n’avait pas été conçu pour laisser à l’individu une part d’intimité. Ainsi, chaque bureau, qu’il s’agisse des « Workbay » crées pour Vitra en 2013, poussant particulièrement le côté « sphère intimiste » au sein de l’espace de travail, ou bien les « Corktable », assure une dimension semi-privée à l’utilisateur. Sur quelques uns des bureaux sont posées des lampes de chevet à la lueur douce, accompagnant la lecture du catalogue d’exposition, disposé sur les tables.

Nous avançons un peu plus et tombons sur une vidéo, projetée sur l’un des murs. Plutôt que d’être installée dans une salle sombre, comme c’est souvent le cas dans de nombreuses expositions; la projection se situe dans la nef éclairée par les gigantesques fenêtres donnant sur le jardin des Tuileries. Des chaises, dont la « Vegetal Chair » (2008) ou la « Osso Chair » (2011) sont installées en face de l’écran, invitant le visiteur à s’asseoir. La vidéo explique le processus de création des frères Bouroullec, la manière dont ils mènent à bien leurs projets, du croquis à la réalisation matérielle en passant par les maquettes et expérimentations.

Nous entrons ensuite une nouvelle fois dans la nef principale, dont la longueur était séparée par un immense rideau d’Algues. Au centre se trouve une grande plateforme, sorte de gigantesque matelas aux couleurs reposantes, du blanc, gris, vert ou du bleu, véritable invitation au repos. Il s’agit du « Textile Field » crée en 2011 à l’occasion du London Design Festival. D’ailleurs, les visiteurs n’hésitent pas à retirer leurs chaussures et à monter dessus, s’asseyant ou s’allongeant le temps d’un petit moment de ressource.

Bouroullec R. et Er., "Textile Field", 2011, mousse et tissus colorés, dim. inconnues,  © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (211,67x141,02 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Textile Field », 2011, mousse et tissus colorés, dim. inconnues, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (211,67×141,02 mm.).

Le reste de l’exposition passe rapidement. Nous croisons plusieurs de leurs oeuvres emblématiques, comme le « Lit clos » (1997) ou les « Vases combinatoires » (1997), ainsi que des photographies et autres conceptions. Des alarmes sont mises en place dans cette partie de l’exposition, sonnant lorsque le spectateur s’approche trop près de l’objet. Cela surprend au début et devient rapidement agaçant, mais ne gâche en rien le plaisir de découvrir les oeuvres des frères Bouroullec de nos propres yeux. Sortis de l’exposition, nous sommes satisfaits. La scénographie était telle que le spectateur pouvait entrer en contact direct avec les oeuvres et objets. La relation souvent froide et distante, courante dans de nombreuses exposition, s’amenuise et laisse place au plaisir d’expérimenter les objets de nous-même. Ainsi, cette exposition permet un véritable plongeon dans l’univers de Ronan et Erwan Bouroullec. Le temps d’une heure, le monde extérieur disparait, pour emmener le spectateur dans une vague d’oeuvres monumentales, mobilier et installations, toujours plus étonnants les uns que les autres.

Fèvre Anne-Marie, « Les frères Bouroullec: un grand moment », next.libertation.fr, En ligne, ‹http://next.liberation.fr/design/2013/05/01/les-freres-bouroullec-un-grand-moment_900230, consulté le 11/04/2014.

« Ronan et Erwan Bouroullec. Momentanée », lesartsdecoratifs.fr, En ligne, ‹http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/arts-decoratifs/expositions-23/archives-25/ronan-et-erwan-bouroullec/presentation-3133›, consulté le 11/04/2014.

« The Workbay Office », vitra.com, En ligne, ‹http://www.vitra.com/en-us/magazine/details/the-workbay-office›, consulté le 11/04/2014.

Vidéo: « Ronan et Erwan Bouroullec – Designers » (de Diplômés Euromed-Design), Support: Vimeo, 23:43 mn., © Arte France et und/ Image &Compagnie.

L’Exposition « Bivouac » des frères Bouroullec au Centre Pompidou Metz

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Affiche de l’exposition Bivouac, ©Studio Bouroullec, Maison déco, (8.043 x 6.006 cm)

L’exposition qui s’est tenue du 7 octobre 2011 au 30 juillet 2012 dans la Galerie 3 du Centre Pompidou de la ville de Metz est la première grande exposition qui leur ait été consacrée en France.

Ce fut également un événement pour son lieu d’accueil qui pour la première fois s’est intéressée à une monographie d’artistes dans le domaine du design. Cette exposition a choisi de mettre l’accent sur la pluridisciplinarité des deux frères quimpérois. Ainsi chaque visiteur a pu pénétrer dans un espace ouvert de plus de 1000m carré pour y déambuler comme bon lui semble et découvrir des constructions modulables tout comme des objets utilitaires mais aussi des projets non achevés.

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Accueil de l’exposition, © Tout-metz.com, (14.32 x 9.6 cm)

Chaque visiteur a pu observer les moindres détails de chaque création. Et chacune des pièces exposées avait une fonction bien précise comme des chaises par exemple, qui pouvaient tout à fait être reproduites à une échelle artisanale ou industrielle. Quant aux œuvres monumentales, contrairement aux structures présentes dans d’autres expositions, elles étaient toutes facilement démontables. On a pu notamment y retrouver leur célèbres Algues ou encore les « Clouds ».

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Vue de l’exposition, © Tout-metz.com (13.72 x 9.17 cm)

Le parcours est d’autant plus rythmé par des jeux d’échelle, de transparence et de superposition que produisent toutes ces œuvres.

Cette exposition n’avait pas pour but d’être une rétrospective du travail des frères Bouroullec mais plutôt de réellement montrer leur travail et leurs recherches qui sont en évolution constante.

Elle a ainsi permis d’aborder leurs concepts phares qui sont le nomadisme, l’inspiration organique, la liberté des usages et des fonctions mais surtout la modularité.

En effet, on a pu voir à quel point les frères Bouroullec ont a cœur de s’approprier l’espace et de le rendre en tout point modulable.

Expo Bouroullec 1 Centre Pompidou- Metz 2011 Marc -copie-3

On peut alors constater l’impact de ces deux designers qui après avoir séduit les professionnels occupent désormais une place auprès de toute sorte de public, dans une nouvelle volonté de « L’art sous toutes ses formes » au sein des musées français.

Preuve de leur renom à l’internationale, cette exposition a aussi été présentée du 20 octobre 2012 au 20 janvier 2013 au Museum of Contemporary Art (MCA) de Chicago.