Cabane, Joyn Hut et Quiet Motion: Espace intime

Nous verrons dans cet articles différents travaux qui s’inscrivent dans l’esprit de création d’un espace intime, mais restant toujours ouvert sur l’extérieur. Certaines des oeuvres des frères Bouroullec, que je ne citerais pas toutes, peuvent répondre à cette philosophie. Approchant la micro-architecture ou bien l’installation, il y a la « Cabane » (2001), la « Joyn Hut » (2004) ou la « Quiet Motion »  (2013). Dans le même esprit pouvaient s’inscrire les autres pièces de la série « Joyn », le « Highcove Sofa » (2006) ou bien même le « Lit clos » (2000), que nous avons déjà vu. Cependant, je m’intéresserais ici, plutôt qu’au mobilier, à la question de l’abris.

La « Cabane » est, comme son nom l’indique, une réalisation s’apparentant à une cabane. Crée pour la galerie Kreo en 2001, il s’agit d’une structure en polypropylène, laine, métal et mousse, de 390x200x180 centimètres. Cette conception n’a pas été commercialisée et est le sujet d’une édition limitée à trois pièces. Les frères Bouroullec expliquent son concept dans le livre « Ronan et Erwan Bouroullec » publié par Phaidon en 2003:

« La ‘Cabane’ définie simplement un périmètre, et ce de l’intérieur et de l’extérieur, parce qu’elle échappe aux typologies suggérant un usage particulier, retournant à la simple idée de frontière. »(1) 

Bouroullec R. et Er., "Cabane", 2001, métal, polypropylene, laine, mousse, 390x200x150 cm., © Morgane Le Gall, (158,75x132,29 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Cabane », 2001, métal, polypropylene, laine, mousse, 390x200x150 cm., © Morgane Le Gall, (158,75×132,29 mm.).

Les bandes qui soutiennent la structure se croisent et s’enlacent. Je ne peux m’empêcher de mettre en rapport cette réalisation à la typologie de la « cabane primitive ». Marc-Antoine Laugier a longuement étudié ce concept. Il s’agirait d’une cabane assez essentialiste, ne comportant que quatre pieds pour la soutenir et un toit pour la recouvrir. Elle ne serait composée que du strict minimum, bannissant toute idée d’ornementation superflue. Les ouvertures font partie intégrante de cette structure. De cette façon, la cabane presque dénudée des frères Bouroullec peut s’approcher du concept de la cabane primitive. De la même manière, les « vides » et les ouvertures font de la « Cabane » ce qu’elle est: une délimitation. Mais plutôt que d’être utilitaire, cette cabane est un agrément, une réinterprétation contemporaine.

Bouroullec R. et Er., "Cabane", 2001, métal, polypropylene, laine, mousse, 390x200x150 cm., © Morgane Le Gall, (92,6×38,36 mm.).

Bouroullec R. et Er., Dessins préparatoires – « Cabane », © Ronan et Erwan Bouroullec, (92,6×38,36 mm.).

Car c’est bien là le but principal de cette réalisation;  la création d’une frontière subtile entre un intérieur intime et une dimension extérieure. D’une manière un peu moins subtile, la « Joyn Hut » vient redéfinir l’espace. Elle est créée en 2004 pour Vitra, accompagnant une gamme de fournitures pour bureaux. Il s’agit d’une réalisation en bois solide, tissus et acier peint 440x250x220 centimètres. La structure est relativement simple: deux supports en bois fondent le socle et sont recouverts par un autre support formant le toit. Les « vides » laissés sont complétés par de fines bandes de tissus blanc, semi-opaque. La hutte n’est pas close, mais ouverte de chaque côté, créant un espace de concentration à l’intérieur du lieu de travail. 

Bouroullec R. et Er., « Joyn Hut », 2004, bois, acier peint, tissus, 440x250x220 cm., © Paul and R & E Bouroullec, (410,1×310,88 mm.).

Un espace semi-privé est ainsi délimité. Les effets de lumière crées par les parois fines et la silhouette des objets ou des humains, peut évoquer les ombres chinoises. Tout un univers est crée, mystérieux mais pas sombre, offrant la possibilité de le découvrir si on observe bien.

Bouroullec R. et Er., "Joyn Hut", 2004, bois, acier peint, tissus, 440x250x220 cm., © Paul and R & E Bouroullec, (216,42x145,78 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Joyn Hut », 2004, bois, acier peint, tissus, 440x250x220 cm., © Paul and R & E Bouroullec, (216,42×145,78 mm.).

« Quiet Motion » s’inscrit dans un univers sensiblement différent de la « Cabane » et de la « Joyn Hut ». Cependant, on retrouve toujours l’idée de la formation d’une dimension intime et éphémère, dans le temps et l’espace. « Quiet Motion » a été conçu en partenariat avec la société BMW i, en accord avec sa gamme d’automobiles électriques et respectueuses de l’environnement; à l’occasion de la Design Week 2013 de Milan. Ces constructions se sont établies durant six jours dans la cour de la Facoltà Teologica dell’Italia Settentrionale, à Milan. 

Bouroullec R. et Er. & BMW i, "Quiet Motion", 2013, © Tahon & Bouroullec, (211,67x139,43 mm.).

Bouroullec R. et Er. & BMW i, « Quiet Motion », 2013, © Tahon & Bouroullec, (211,67×139,43 mm.).

« Quiet Motion » est conçu selon une logique de respect de l’environnement. Ce sont des plateformes circulaires recouvertes d’un toit lui aussi circulaire, d’où pendent des bandes de tissus (utilisé pour les « Clouds« ), sur lesquelles on peut s’asseoir. Le dispositif tourne lentement sur lui même, en harmonie avec ses semblables. La structure générale est faite en liège et en métal, tandis que le siège est recouvert du même cuir que les automobiles. Le mécanisme faisant tourner l’engin est silencieux, étant basé sur le modèle de celui des voitures électriques.

On pourrait assimiler poétiquement les « Quiet Motion » à un carrousel, dont la forme est proche. Il crée un univers momentané, calme et reposant. Le spectateur peut s’asseoir dessus et regarder le monde tourner lentement autour de lui, contempler le paysage et voir le temps défiler.

Ainsi, ces trois installations, approchant la micro-architecture, se rejoignent en un même lieu: la création ou la définition d’un espace éphémère. Si les deux premières s’apparentent à une cabane, la dernière approche l’air de jeu; côtoyant toutes un espace-temps particulier et devenant le lieu d’un fort potentiel poétique.

(1) « The ‘Cabane‘ simply defines a perimeter, and thus an inside and outside, because it escapes typologies suggesting a particular use, returning to the simple idea of the boundary. “ – Extrait de « Ronan & Erwan Bouroullec », Phaidon, 2003.

Présentation et détail des objets: Bouroullec.com

« Joyn Hut », vitra.com, En ligne, ‹http://www.vitra.com/fr-fr/product/joyn, consulté 13/04/2014.

« Press Release. Quiet Motion », bmwgroup.com, En ligne, ‹https://www.press.bmwgroup.com/global/pressDetail.html?title=bmw-i-in-partnership-with-ronan-and-erwan-bouroullec-present-the-installation-quiet-motion-during-the&outputChannelId=6&id=T0139561EN&left_menu_item=node__4314, consulté le 13/04/2014.

Vidéo: « Quiet Motion » (de Juurian Booij), Support: Vimeo, 02:14 mn., © 2013 Ronan et Erwan Bouroullec. 

Ronan & Erwan Bouroullec aux Arts décoratifs

 Du 26 avril au 1er septembre derniers, les frères Bouroullec faisaient l’objet d’une exposition au musée des Arts décoratifs de la ville de Paris. Grande rétrospective de leurs quinze années de carrière, leurs oeuvres prenaient place sur un ensemble de 1000 mètres carrés. Tous les aspects de leur travail sont représentés, du mobilier à l’installation monumentale, en passant par leurs croquis et leur processus de conception d’un objet. Ronan et Erwan Bouroullec pensent la scénographie de l’espace d’exposition. Dominique Forest, conservatrice du département Moderne et Contemporain est la commissaire d’exposition, assistée par Marianne Brabant, assistante de conservation.

Affiche: Exposition - Ronan et Erwan Bouroullec. Momentané, Musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, © Les arts décoratifs, (169,34x254 mm.).

Affiche: Exposition – Ronan et Erwan Bouroullec. Momentané, Musée des Arts décoratifs de la ville de Paris, © Les arts décoratifs, (169,34×254 mm.).

A peine entrés dans l’exposition, nous sommes déjà submergés par une vague impressionnante de tissus colorés, plastique ou polyester. Il s’agit des « Algues« , « North Tiles« , « Twigs » et « Clouds », trônant majestueusement dans la nef principale. Ces quelques unes de leurs oeuvres monumentales, approchant la micro-architecture tant leurs dimensions sont grandes, nous impressionnent par leur association. Le ton est donné: le reste de l’exposition nous immergera complètement dans le travail des frères Bouroullec.

Bouroullec R. et Er. & Musée des Arts décoratifs de Paris, Exposition "Momentanée", Entrée, © Architecture Interieure Cree, (83,87x128,05 mm.).

Bouroullec R. et Er. & Musée des Arts décoratifs de Paris, Exposition « Momentanée », Entrée, © Architecture Interieure Cree, (83,87×128,05 mm.).

Les murs de salle qui suit, dans le transept, sont entièrement occupés par des centaines de croquis des frères Bouroullec. On découvre des dessins au stylo, pastel, crayon, étonnement bruts. On repère certains traits, que toute autre personne aurait certainement du mal à concevoir, mais qui recueillent une idée, un concept que les frères Bouroullec feront souvent passer du papier à l’état matériel.

Bouroullec R. et Er., Croquis de l'exposition momentanée, nef secondaire, salle des croquis, © Bouroullec, (209,81x145,25 mm.).

Bouroullec R. et Er., Maquette de l’exposition « Momentanée », nef secondaire, salle des croquis, © Bouroullec, (209,81×145,25 mm.).

La longueur entière de la salle, ou presque, est occupée par une série de bureaux, instaurant une ambiance bureaucratique assez étonnante au sein d’une exposition. L’ensemble aurait pu être froid si le mobilier n’avait pas été conçu pour laisser à l’individu une part d’intimité. Ainsi, chaque bureau, qu’il s’agisse des « Workbay » crées pour Vitra en 2013, poussant particulièrement le côté « sphère intimiste » au sein de l’espace de travail, ou bien les « Corktable », assure une dimension semi-privée à l’utilisateur. Sur quelques uns des bureaux sont posées des lampes de chevet à la lueur douce, accompagnant la lecture du catalogue d’exposition, disposé sur les tables.

Nous avançons un peu plus et tombons sur une vidéo, projetée sur l’un des murs. Plutôt que d’être installée dans une salle sombre, comme c’est souvent le cas dans de nombreuses expositions; la projection se situe dans la nef éclairée par les gigantesques fenêtres donnant sur le jardin des Tuileries. Des chaises, dont la « Vegetal Chair » (2008) ou la « Osso Chair » (2011) sont installées en face de l’écran, invitant le visiteur à s’asseoir. La vidéo explique le processus de création des frères Bouroullec, la manière dont ils mènent à bien leurs projets, du croquis à la réalisation matérielle en passant par les maquettes et expérimentations.

Nous entrons ensuite une nouvelle fois dans la nef principale, dont la longueur était séparée par un immense rideau d’Algues. Au centre se trouve une grande plateforme, sorte de gigantesque matelas aux couleurs reposantes, du blanc, gris, vert ou du bleu, véritable invitation au repos. Il s’agit du « Textile Field » crée en 2011 à l’occasion du London Design Festival. D’ailleurs, les visiteurs n’hésitent pas à retirer leurs chaussures et à monter dessus, s’asseyant ou s’allongeant le temps d’un petit moment de ressource.

Bouroullec R. et Er., "Textile Field", 2011, mousse et tissus colorés, dim. inconnues,  © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (211,67x141,02 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Textile Field », 2011, mousse et tissus colorés, dim. inconnues, © Studio Bouroullec & V&A Images, Victoria and Albert Museum, (211,67×141,02 mm.).

Le reste de l’exposition passe rapidement. Nous croisons plusieurs de leurs oeuvres emblématiques, comme le « Lit clos » (1997) ou les « Vases combinatoires » (1997), ainsi que des photographies et autres conceptions. Des alarmes sont mises en place dans cette partie de l’exposition, sonnant lorsque le spectateur s’approche trop près de l’objet. Cela surprend au début et devient rapidement agaçant, mais ne gâche en rien le plaisir de découvrir les oeuvres des frères Bouroullec de nos propres yeux. Sortis de l’exposition, nous sommes satisfaits. La scénographie était telle que le spectateur pouvait entrer en contact direct avec les oeuvres et objets. La relation souvent froide et distante, courante dans de nombreuses exposition, s’amenuise et laisse place au plaisir d’expérimenter les objets de nous-même. Ainsi, cette exposition permet un véritable plongeon dans l’univers de Ronan et Erwan Bouroullec. Le temps d’une heure, le monde extérieur disparait, pour emmener le spectateur dans une vague d’oeuvres monumentales, mobilier et installations, toujours plus étonnants les uns que les autres.

Fèvre Anne-Marie, « Les frères Bouroullec: un grand moment », next.libertation.fr, En ligne, ‹http://next.liberation.fr/design/2013/05/01/les-freres-bouroullec-un-grand-moment_900230, consulté le 11/04/2014.

« Ronan et Erwan Bouroullec. Momentanée », lesartsdecoratifs.fr, En ligne, ‹http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/arts-decoratifs/expositions-23/archives-25/ronan-et-erwan-bouroullec/presentation-3133›, consulté le 11/04/2014.

« The Workbay Office », vitra.com, En ligne, ‹http://www.vitra.com/en-us/magazine/details/the-workbay-office›, consulté le 11/04/2014.

Vidéo: « Ronan et Erwan Bouroullec – Designers » (de Diplômés Euromed-Design), Support: Vimeo, 23:43 mn., © Arte France et und/ Image &Compagnie.

L’espace autosuffisant

J’aborderais dans cet article certaines oeuvres de Ronan et Erwan Bouroullec s’inscrivant dans un thème qu’il me parait intéressant d’évoquer: l’espace auto-suffisant. J’entend par là des conceptions qui se suffisent à elles-mêmes et sont à elles seules un espace à part entière, qui les séparent de l’extérieur tout en s’y intégrant. Je présenterais la « Cuisine désintégrée » (1997), le « Lit clos » (2000) et la série des « Alcove sofa » (2006).

Bouroullec R.et Er., Cuisine désintégrée, 1997, aluminium, bois, plastique, mousse peinte, 2200x700x900 mm., © Ronan et Erwan Bouroullec - Bouroullec.com, (158,75x97,63 mm.).

Bouroullec R.et Er., Cuisine désintégrée, 1997, aluminium, bois, plastique, mousse peinte, 2200x700x900 mm., © Ronan et Erwan Bouroullec – Bouroullec.com, (158,75×97,63 mm.).

La « Cuisine désintégrée », que nous avons pu voir dans cet article, est l’oeuvre qui a fait découvrir les frères Bouroullec. En 1997, Ronan sort de l’Ecole nationale des arts décoratifs de Paris et propose avec son frère, au Salon du meuble de la même année, la « Cuisine désintégrée ». Ce meuble nomade, détaché des contraintes d’un plan fixe, permet à Giulio Cappelini de les repérer.  Celui-ci, fondateur de l’entreprise de design « Cappelini », confie aux frères de Bouroullec plusieurs projets, dont le « Lit clos », « Spring Chair » ou bien les « Clouds ».

Bouroullec R. et Er., Lit clos, 2000, bois de bouleau peint, acier peint, aluminium, cotton, cabine: 2400x2000x14000 mm., base: 700 ou 1800 mm.,© Morgane Le Gall - Bouroullec.com, (202,4x211,67 mm.)

Bouroullec R. et Er., Lit clos, 2000, bois de bouleau peint, acier peint, aluminium, cotton, cabine: 2400x2000x14000 mm., base: 700 ou 1800 mm.,© Morgane Le Gall – Bouroullec.com, (202,4×211,67 mm.)

Le « Lit clos », justement, est à l’image de la « Cuisine désintégrée », un espace nomade. En effet, à mi-chemin entre le lit et la chambre, il associe ces deux fonctions. D’un côté, le lit peut-être placé dans une chambre matérialisée, une pièce où il ne servira que de lit. D’un autre côté, il peut être placé dans une pièce toute autre, comme un salon ou une salle principale, pour servir à la fois de lit et de chambre. Il assure un espace intime à l’utilisateur, tout en étant ouvert sur l’extérieur. Ainsi, le « Lit clos » n’est pas oppressant grâce à ses nombreuses ouvertures et ses parois fines. Pourtant, aussi fines soient-elles, les parois offrent un sentiment d’intimité suffisant pour se sentir bien. Ce lit existe en deux surélévations différentes, l’une de 70 centimètres, l’autre de 180. Il approche, d’une certaine manière, l’idée que l’on peut avoir d’une cabane urbaine, quittant son terrain vernaculaire, dans les arbres.

Bouroullec R. et Er., "Lit clos", 2000,  aluminium, bois, plastique, mousse peinte, 2200x700x900 mm.,  © Morgane Le Gall - Bouroullec.com, (124,08x158,75 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Lit clos », 2000, aluminium, bois, plastique, mousse peinte, 2200x700x900 mm., © Morgane Le Gall – Bouroullec.com, (124,08×158,75 mm.).

Il s’agit ici de ce que l’on pourrait appelé une « micro-architecture » qui s’inscrit dans la même lignée que la « Cuisine désintégrée ». Le « Lit clos » est auto-suffisant, car il peut à lui seul créer tout un espace. Il est un espace à part entière à lui-même, confortable et intime, mais toujours profondément ouvert sur l’extérieur.  Le « Lit clos » n’a hélas été édité qu’en douze exemplaires, aujourd’hui conservés dans des musées et autres institutions. Il s’agit d’une des oeuvres qui a fait réaliser aux frères Bouroullec qu’ils pouvaient évoluer en dehors du marché, comme l’un des frères l’a déclaré dans une interview:

« Il nous a fait comprendre que l’on pouvait mener un travail de recherche efficace en dehors du marché. » (1)

Outre le « Lit clos » et la « Cuisine désintégrée », une autre de leur conception me paraît particulièrement adéquat au thème de l’espace autosuffisant. Il s’agit de la série des « Alcove Sofa » (2006). Ce sont des fauteuils, mis au point pour la société Vitra. Leur concept est relativement simple: ils veulent créer un espace dans un espace. C’est à dire que ces fauteuils peuvent être placés à l’intérieur d’une pièce et réussir à créer à l’intérieur de celle-ci un espace intime.

Bouroullec R. et Er., "Highcove Sofa Highback", 2007, acier peint, aluminium, mousse, tissus, microfibres, fibre de verre, (2 assises) 1640 x 840 x 1360 mm ou (3 assises) 2370 x 840 x 1360 mm,  © Paul Tahon and R & E Bouroullec - Bouroullec.com, (211,67x151,02 mm.).

Bouroullec R. et Er., « Highcove Sofa Highback », 2007, acier peint, aluminium, mousse, tissus, microfibres, fibre de verre, (2 assises) 1640 x 840 x 1360 mm ou (3 assises) 2370 x 840 x 1360 mm, © Paul Tahon and R & E Bouroullec – Bouroullec.com, (211,67×151,02 mm.).

Combinant la fonction de fauteuil et d’alcôve, ils en exploitent les différentes caractéristiques. De dos, le fauteuil peut-être pris pour une paroi isolant l’utilisateur du reste de la salle. Assise à l’intérieur, la personne entre dans un espace confortable et ergonomique, tranquille et reposant, se distinguant de l’extérieur. Ce fauteuil, crée un espace particulier par sa simple présence. Objet non-fixe, comme la « Cuisine désintégrée » ou le « Lit clos », il les rejoint dans leur dimension autonome. En effet, ces trois conceptions, plus que du mobilier et des objets utilitaires, sont de vrais créateurs d’espace. Ils permettent de créer un espace à l’intérieur d’un espace, d’élaborer une dimension intimiste mais toujours grandement ouverte sur le monde extérieur.

 

(1) Fèvre Anne-Marie, « Les frères Bouroullec: hédonistes Underground« , liberation.fr, En ligne,‹http://next.liberation.fr/design/2011/01/20/les-freres-bouroullec-hedonistes-underground_708764›, consulté le 06/02/2014.

Présentation et détail des objets: ‹http://www.bouroullec.com/›.

« Ronan et Erwan Bouroullec. Vivre et travailler« , Vitra.com, En ligne, http://www.vitra.com/fr-fr/magazine/details/ronan-and-erwan-bouroullec-lifework, consulté le 07/04/2014.

La cuisine désintégrée

Er. et R. Bouroullec, Cuisine désintégrée, 1998, aluminium, bois, mousse dure peinte et plastique, 2200 × 700 x 900 mm,  © Feintrenie.

Er. et R. Bouroullec, Cuisine désintégrée, 1998, aluminium, bois, mousse dure peinte et plastique, 2200 × 700 x 900 mm, © Feintrenie.

La Cuisine désintégrée, créée en 1998, est une oeuvre qui marque un tournant dans la carrière des deux designers.

C’est en effet en présentant leur concept au Salon du Meuble de 1997 que les deux artistes se sont faits remarquer par l’éditeur milanais Giulio Cappelini. De cette rencontre découle une longue collaboration et leur reconnaissance dans l’univers du design.

La Cuisine désintégrée se compose d’un évier, d’une table et d’éléments de rangement en plastique, et de quatre pieds en aluminium.

Elle présente une toute nouvelle vision de ce que nous pouvions connaitre en matière de cuisine aménagée. La cuisine, précédemment conçue comme un élément architectural, devient ici un meuble à part entière. Elle est conçue comme un élément autonome (il suffit juste de rajouter les éléments de cuisson et l’eau). Elle est totalement indépendante du mur, se concevant comme une table qui n’a pas besoin du support d’un mur.

De plus, l’innovation principale se tient en la mobilité de l’ouvrage. Cette cuisine est conçue de telle manière qu’elle peut être repliée, déplacée et transportée aisément.  

Le style épuré donné par sa simplicité (La cuisine est moulée en une seule fois, supportée par 4 pieds) accentue son impression de mobilité.

La couleur blanche qui pourrait paraître à première vue anodine, a une signification majeure pourtant: elle empêche l’attribution de tous codes abusifs comme des critères de richesses ou de jeunesses. Ainsi la Cuisine désintégrée peut toucher un public universel.

La Cuisine désintégrée se place ainsi comme un meuble possédant sa propre gestion de l’espace, n’étant pas soumise à une architecture ou même à une conception temporelle puisqu’elle est déplaçable.

« 5 créations des frères Bouroullec », deco.journaldesfemmes.com, En ligne, http://deco.journaldesfemmes.com/design/interview/0709-bouroullec/1.shtml, consulté le 24/03/2014.